
Tombée des nues, de Violaine BÉROT
L’histoire d’une maternité déroutante
Tombée des nues nous emmène dans un village de montagne où, une nuit de tempête de neige, une femme donne naissance à un bébé. L’extraordinaire de la situation est que tout le monde, y compris elle, ignorait qu’elle était enceinte. L’action se déroule sur quatre journées et nous est donnée à entendre par sept personnages dont les voix s’entremêlent.
Plus qu’un livre sur le déni de grossesse, Tombée des nues est un livre sur le désir d’enfant et pose la question de l’instinct maternel ou paternel.
Une écriture exigeante et rigoureuseje me répétais je vais voir le bébé, et j’entendais la voix de Marion me parler de chèvres, Marion refusait de comprendre, d’admettre, je me disais rentre pas dans son délire, tu sais que Marion peut avoir des réactions étranges, pense au bébé, le bébé d’abord, ne te laisse pas influencer par ce que raconte Marion, l’infirmière a ouvert la porte et je ne sais pas à quoi je m’attendais, découvrir un nourrisson tout seul dans un joli berceau, mais ils étaient dans des sortes de boîtes transparentes, des bébés identiques recouverts de draps de la même couleur, je me suis dit jamais je ne reconnaîtrai le mien, je me suis arrêté, je ne pouvais plus avancer, alors elle a dit c’est celui-ci c’est lui votre bébé
Violaine Bérot nous propose avec ce roman une expérience de lecture singulière. Le livre peut se lire de deux façons : de la première page à la dernière, et des voix tressées des sept personnages émerge le récit de ces journées sidérantes ; une voix après l’autre, en suivant l’ordre indiqué par l’auteur, et la même histoire se dévoile autrement. Une histoire qui semble n’avoir ni début ni fin, le texte qui ne contient ni majuscule ni point nous emporte et nous bouscule.
Un livre à déguster, pour la qualité de l’écriture, l’intensité dramatique du récit, la sensibilité du propos.Je vais vous raconter monsieur, ça a eu lieu dans la nuit du lundi au mardi, très tôt, vers 2 heures du matin, même cette date du 29 février est étrange vous ne trouvez pas, un jour qui n’existera plus pendant 4 ans, on voudrait gommer les traces on ne ferait pas mieux, ça se passe donc cette nuit-là et nous on ne se doute de rien, comment voulez-vous que nous puissions nous douter d’une chose pareille, et il ne faut pas compter sur ce grand benêt de Dédé pour informer le village, oh non, en dehors de ses vaches on se demande bien ce qui peut l’intéresser celui-là.