Il est en effet intéressant de noter que parfois, et paradoxalement, le comportement de l'homme peut se révéler positif lorsqu'il est confronté à la barbarie.
C'est le cas de cet écrivain turinois qui a connu Auschwitz et qui en est revenu. Primo LEVI considère que l'on
car cet universdoit prendre en considération un épisode aussi exceptionnel de la condition humaine
peut servir à mettre en évidence des valeurs fondamentales, sinon positives.
L'écrivain italien considère en effet que d'enfermer des milliers d'individus entre des barbelés sans distinction d'âge, de condition sociale ou de langue etc., est un champ d'expérimentation permettant de déterminer ce qu'il y a d'inné et d'acquis dans le comportement de l'homme confronté à la lutte pour la vie.
L'ancien déporté croit que
Et puis cette rencontre fascinante de Primo LEVI avec un médecin nazi dans son Lager (camp). L'écrivain chimiste exprime ici les propos qu'il lit dans le regard du médecin allemandsurvivre sans avoir renoncé à rien de son propre monde moral, à moins d'interventions puissantes et directes de la chance, n'a été donné qu'à un tout petit nombre d'êtres supérieurs, de l'étoffe des saints et des martyrs.
ce quelque chose que j'ai là devant moi appartient à une espèce qu'il importe sans nul doute de supprimer. Mais dans le cas présent, il convient auparavant de s'assurer qu'il ne renferme pas quelque élément utilisable.
L'écrivain explique qu'un de ses amis du camp : Lorenzo lui a permis de survivre psychologiquement à l'enfer du camp. Il m'a
constamment rappelé, par sa présence, par sa façon si simple et facile d'être bon qu'il existait encore en dehors du nôtre, un monde juste, des choses et des êtres encore purs et intègres que ni la corruption, ni la barbarie n'avaient condamnés, qui étaient demeurés étrangers à la haine et à la peur ; quelque chose d'indéfinissable, comme une lointaine possibilité de bonté, par laquelle il valait la peine de se conserver vivant.
L'humour par sa distance avec la réalité aide aussi le prisonnier :C'est à Lorenzo que je dois de n'avoir pas oublié que moi aussi j'étais un homme.
Primo LEVI décrit la psychologie du prisonnier.Savez-vous comment on dit jamais dans le langage du camp ? Morgen fruh, demain matin.
L'écrivain ajoute qu'écrire son passé, c'est essayer de le comprendre. Mais pourtantAu Lager, on perd l'habitude d'espérer, et on en vient même à douter de son propre jugement. L'usage de la pensée est inutile, puisque les évènements se déroulent le plus souvent de manière imprévisible ; il est néfaste, puisqu'il exhale en nous cette sensibilité génératrice de douleur, qu'une loi naturelle d'origine providentielle se charge d'émousser lorsque les souffrances dépassent une certaine limite.
Maispeut-être que ce qui s'est passé ne peut pas être compris, et même ne doit pas être compris, dans la mesure où comprendre c'est presque justifier. En effet comprendre la décision ou la conduite de quelqu'un, cela veut dire (et c'est aussi le sens étymologique du mot) les mettre en soi, mettre en soi celui qui en est responsable, se mettre à sa place, s'identifier à lui.
L'auteur turinois reste formidable jusqu'au bout à propos de sa terrible expérience concentrationnaire.si la comprendre (cette haine nazie) est impossible, la connaître est nécessaire, parce ce qui est arrivé peut recommencer, les consciences peuvent à nouveau être déviées et obscurcies : les nôtres aussi.
Mais il reconnaît aussi queCe passé m'a enrichi et affermi ... J'ai beaucoup appris sur les hommes et sur le monde.
Mais surtoutle fait que je suis vivant tient surtout à la chance.
Que votre âme repose en paix ami de l'écriture !peut-être aussi ai-je trouvé un soutien dans mon intérêt jamais démenti pour l'âme humaine, et dans la volonté non seulement de survivre dans le but précis de raconter les choses auxquelles nous avions assisté et que nous avions subies.