L'écrivain fantôme

Peut-on avoir une idée géniale de roman et ne pas savoir qu’en faire ? Peut-on rêver d’écrire et ne pas avoir de temps à y consacrer ?

La première pierre d’un projet d’écriture est souvent une idée, un message. Mais une idée formidable et des personnages à forte personnalité ne suffisent pas : le chemin jusqu’au récit final est long, parfois abrupt. Il requiert patience, savoir-faire et compétences. Aussi, certains auteurs choisissent-ils de faire appel à un écrivain fantôme, ou prête-plume, pour la rédaction de leur projet.

Qui est cet écrivain fantôme ?

L’écriture pour autrui recouvre de multiples métiers. L’écrivain public qui prête ses mots à une personne en difficulté face à la rédaction d’un document officiel. Le biographe qui écrit et offre un écrin à des récits de vie. Les professionnels de la transcription, de l’animation d’ateliers d’écriture ou encore de la rédaction de contenus pour les réseaux sociaux. Nulle exhaustivité ici, la liste est longue et les termes se parent de multiples facettes.

Mais, parmi eux, il est un métier plus rarement évoqué. Celui de prête-plume, aussi appelé plume, écrivain de l’ombre, ghostwriter ou encore écrivain fantôme. Fantôme ? Il n’en est pourtant pas un, mais doit son nom à cette activité méconnue : écrire pour un client, un auteur, et s’effacer ensuite.

Qui se cache sous ce nom ?

Prête-plume, plume, doublure, écrivain de l’ombre, autant de mots pour désigner celui qui fut longtemps qualifié de « nègre littéraire », avant que l’origine et la référence à l’esclavagisme de ce terme ne soient reconnues.

La formulation ghostwriter évoque souvent la rédaction pour des blogs ou des réseaux sociaux, pourtant, l’activité de prête-plume est en réalité beaucoup plus large. Et peut conduire à écrire des romans, des fictions, des biographies, des recueils de nouvelles ou de poésies, des scénarios, des ouvrages techniques ou encore des livres de développement personnel. Le champ est vaste, tout comme l’est celui des personnes qui font appel à un prête-plume. En effet, comme son nom l’indique, celui-ci prête sa plume à celles et ceux qui ont le souhait d’écrire.

La particularité du prête-plume

Le ou la prête-plume sait revêtir le costume de l’auteur du texte. Sa qualité première est sans conteste de savoir adopter le style voulu par celui-ci, qui se reconnaîtra alors dans le texte et aura ainsi la possibilité de se l’approprier. Mais il s’agit aussi parfois de donner corps et vie à des personnages nés de l’imagination d’un ou d’une autre, de construire un scénario que l’autre a parfois juste envisagé ou de s’adapter à un synopsis déjà entièrement décrit. Dans ce domaine, le possible n’a d’autres frontières que celles de l’imagination.

Mais alors, qui fait appel à un écrivain fantôme, et pourquoi ?

Le public concerné est large et s’étend de la personnalité publique — milieu politique, sportif, artistique ou encore monde de l’entreprise — à des éditeurs. Et ce paragraphe serait très largement incomplet sans évoquer les particuliers qui ont une idée, un message, un livre à écrire, mais n’en ont pas le temps, les moyens ou encore les compétences.

Les raisons de faire appel à un prête-plume sont ainsi nombreuses, et la première est peut-être le temps. Car, si écrire est chronophage, corriger et relire le sont tout autant. Mais elle n’est pas la seule, car l’expertise du prête-plume est indispensable, n’oublions pas qu’une bonne idée et des personnages intéressants ne font pas toujours une bonne histoire ! Qui n’a pas connu de déception à la lecture d’un roman dont la quatrième de couverture l’avait pourtant alléché ? Il convient toutefois de préciser que le prête-plume a une obligation de moyens, et non une obligation de résultat. En effet, il ne peut s’engager à ce que le roman soit accepté par une maison d’édition, dont chacune possède ses lignes éditoriales et ses critères de sélection.

Un autre atout du prête-plume ? Son œil extérieur et professionnel qui va améliorer la qualité du texte, sa cohérence. S’il sait s’adapter à différents styles d’écriture et comprendre les besoins de son client, il doit aussi proposer un scénario capable de captiver le lecteur, ce qui sous-entend une belle dose de créativité ! Et n’oublions pas d’évoquer la confidentialité, une qualité bien sûr évidente, mais surtout indispensable dans ce métier.

Comment procède le prête-plume ?

Le prête-plume écrira votre histoire en respectant votre style et saura vous écouter, une autre qualité d’importance. Que vous n’ayez encore qu’un message à transmettre, une idée à développer ou un scénario précis : son métier, c’est s’adapter !

Chaque prête-plume possède sa propre méthodologie et vous expliquera son fonctionnement. Car, comme tout projet, écrire un livre demande rigueur et planification.

Souvent, il commencera par procéder à de nombreux entretiens pour compléter ou préciser le matériau qui servira de pierre angulaire au projet. Il structurera les informations, qu’il s’agisse de l’idée, des personnages et de leur évolution, du scénario, de la conclusion ou encore du rythme.

Un échange transparent est primordial, l’auteur doit valider les différents éléments, sous peine de se retrouver plus tard face à une incompréhension, voire une belle déception. Bien sûr, le prête-plume doit parfois mener des recherches de son côté. Pour donner un exemple, il est important de rappeler que, si les anachronismes sont parfois volontaires, ils peuvent aussi prêter à confusion ou décrédibiliser un écrit. Confondre un coupable grâce à un appel téléphonique en 1840, alors que Graham Bell n’est pas encore né, risque de mettre à mal votre intrigue ! Il peut également s’agir de recherches dans un domaine particulier, scientifique, historique ou culturel. Cette première étape ne doit pas être négligée.

Vient ensuite l’écriture du scénario, ou synopsis. Attention, deux lignes ne suffisent pas : la trame narrative est décrite, l’évolution des personnages, des lieux, de l’intrigue est renseignée de façon détaillée. Le rythme de l’intrigue est déjà là !

Enfin vient la rédaction. Si certains auteurs ont une idée générale du style souhaité, d’autres ont une vision beaucoup plus précise des tournures de phrases ou constructions attendues. Loin d’être négligeables, ces éléments doivent être clairement évoqués et compris de part et d’autre, ou avoir fait l’objet d’un essai.

Dès le démarrage, un contrat (ou au moins un devis) doit permettre de clarifier tous les aspects du projet : le temps passé, le nombre de pages ou de signes attendus, le tarif, les modalités de règlement, et la cession, ou non, des droits d’auteur. Ce dernier point, primordial, doit être abordé dès le départ. Le nom du prête-plume sera-t-il mentionné quelque part dans l’ouvrage, si oui, sous quelle forme ? Le délai est également un aspect non négligeable, sur lequel il convient bien sûr de s’entendre. Le temps d’écriture est un temps relativement long, qui se décline en mois, voire plus. Bien sûr, certains éléments peuvent évoluer au fil du projet, mais une base saine et transparente est, comme toujours, le prérequis à un travail de qualité et à une satisfaction réciproque.

Un dernier mot

Nombreux sont ceux qui ont une idée géniale, qui rêvent d’écrire, et n’en ont ni le temps ni les moyens. Doivent-ils pour autant ranger leur rêve au placard et garder ce regret enfoui ? Heureusement, la réponse est non !

Ces quelques mots ont fait resurgir en vous une idée depuis longtemps enfouie, une envie profonde de partager votre message, de donner corps à vos personnages ? N’hésitez plus et donnez une plume à vos idées !